Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Résumés - Economie et Consommation

Une étude menée par CERESCO pour INTERBEV, basée sur les projections de l’Institut de l’Élevage, évalue les conséquences socio-économiques, environnementales et territoriales d’une baisse de 19 % du cheptel de vaches mères d’ici 2030. Cette contraction, équivalente à la perte enregistrée entre 1960 et 2000, entraînerait une réduction de 20 % des animaux finis, menaçant 37 000 emplois directs et indirects, principalement dans les zones rurales (Massif Central, Ouest). Les prairies permanentes, couvrant 44 % de la SAU, pourraient perdre 1,4 Mha, avec des risques de retournement en cultures, d’artificialisation ou d’enfrichement, affectant paysages, biodiversité et stockage de carbone (jusqu’à 64 Mt éq CO₂ libérées dans le scénario le plus pessimiste).
La balance commerciale deviendrait déficitaire (–330 M€ contre +740 M€ aujourd’hui), en raison d’un découplage entre une consommation stable (–4,3 %) et une production en chute (–18,5 %), accélérant les importations de viande. Bien que les émissions de GES nationales diminuent (–18 %), celles liées aux importations pourraient doubler (10 Mt éq CO₂/an), annulant les gains climatiques. La réduction des effluents bovins (–18 % d’azote organique) augmenterait la dépendance aux engrais minéraux (+18 kt d’azote), tandis que la disparition des prairies dégradera les services écosystémiques (biodiversité, qualité des sols).
Cette transition soulève des enjeux de souveraineté alimentaire et de résilience territoriale, nécessitant un accompagnement des filières pour concilier transition écologique et maintien des externalités positives de l’élevage (stockage de carbone, entretien des paysages).

Le 4ème Forum international sino-français sur le développement de la production bovine s’est déroulé en juillet 2025 à Changchun, capitale de la province du Jilin, dans le Dongbei. L’événement, qui marquait le 20ème anniversaire de la création du Centre sino-français de recherche et de développement sur les bovins, a accueilli différents experts, chercheurs et professionnels. Les présentations ont porté sur l'expérience de la France en matière de production et de consommation de viande bovine de haute qualité, sur l’évolution de la filière bovine en Chine, sur le développement du système européen 3G (Global Guaranteed Grading), sur les tests génomiques et enfin sur l'expérience des éleveurs français de bovins de race Limousine.

En dix ans, la consommation de viande va poursuivre sa croissance et tirer la production mondiale, selon le rapport Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2025-2034. Du fait de l’augmentation rapide de la population et des revenus, 45% de la croissance de la consommation mondiale se produira dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Par habitant, la consommation totale de viande ne devrait cependant progresser que de 3% pour atteindre 29,3 kg en équivalent poids comestible au détail (epd) par habitant/an, une augmentation moitié moins élevée qu’au cours de la décennie précédente. Dans la plupart des pays à revenu élevé, la croissance de la consommation de viande par habitant continuera en effet de ralentir. Dans ces dix prochaines années, la volaille renforcera sa position dominante dans le secteur de la viande, puisqu’elle représentera 62% du volume total de viande supplémentaire produit dans les dix années à venir.

Les interrogations sur la consommation des produits carnés dans une alimentation durable sont devenues de plus en plus nombreuses. Les injonctions à réduire la consommation de produits carnés ajoutées aux préoccupations en termes de santé, d’écologie ou de citoyenneté du consommateur orientent une part d’entre eux, en marge des habitudes et des normes plus courantes, vers une alimentation plus durable et donc plus végétale. Néanmoins, l’attachement à la viande se traduit par une érosion relativement lente de la consommation au regard d’une multiplicité de facteurs. L’érosion des viandes boucherie place désormais la volaille en tête des espèces consommées.

Depuis 2011, l’IFIP calcule, à l’intention d’INAPORC et des acteurs de la filière porcine française, un indicateur de la compétitivité des filières porcines des cinq principaux producteurs de l’Union européenne : France, Allemagne, Danemark, Espagne et Pays-Bas. Ce travail est financé par INAPORC. L’indicateur analyse plus de 85 variables réparties en 8 thèmes : macroéconomie, alimentation animale, élevage, entreprise de l’aval, dynamisme de la production, commerce extérieur, dynamisme de la consommation intérieure et organisation des filières. Dans cette seconde partie sont présentés les résultats obtenus dans les quatre derniers thèmes : dynamisme de la production, commerce extérieur, dynamisme de la consommation intérieure et organisation des filières. En 2022, la production de porc en Europe est en retrait. Toutefois, les évolutions sont hétérogènes selon les pays, avec des reculs massifs pour certains. En matière de commerce extérieur, la demande internationale s’est légèrement contractée, mais est restée forte, affichant des records historiques. La France et l’Espagne ont vu leur consommation croître sensiblement dans un contexte de reprise de la consommation hors domicile. Enfin le rapport présente les caractéristiques structurelles de chacune des filières porcines étudiées, ainsi que les faits marquants de l’année pouvant modifier ces spécificités. Mais ce thème n’est pas pris en compte dans le calcul du score global présenté en conclusion.

Depuis 2011, l’Ifip calcule, à l’intention d’INAPORC et des acteurs de la filière porcine française, un indicateur de la compétitivité des filières porcines des cinq principaux producteurs de l’Union européenne : France, Allemagne, Danemark, Espagne et Pays-Bas. Ce travail est financé par INAPORC. L’indicateur analyse plus de 85 variables réparties en 8 thèmes : macroéconomie, alimentation animale, élevage, entreprise de l’aval, dynamisme de la production, commerce extérieur, dynamisme de la consommation intérieure et organisation des filières. Dans cette première partie, sont présentés les résultats obtenus dans les quatre premiers thèmes : macroéconomie, alimentation animale, élevage, entreprise de l’aval. En 2022, les écarts de compétitivité entre les pays se sont resserrés. Le Danemark obtient le score global de compétitivité le plus élevé, talonnée par l’Espagne. La France et les Pays-Bas, respectivement 3ème et 4ème, voient leurs scores remonter en raison d’un dynamisme de la production relativement meilleur, et la France devance davantage les Pays-Bas par rapport à l’année précédente. L’Allemagne n’améliore que très peu son score comparativement à 2021. L’Outre-Rhin subit toujours les conséquences de la présence de la fièvre porcine africaine (FPA) sur son territoire et sa production porcine recule.

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Edito

La science pour sortir de la crise

L’épidémie de dermatose nodulaire bovine (DNC) est venue aggraver ces dernières semaines la crise profonde traversée par la filière bovine française, marquée par une baisse régulière des cheptels et des abattages depuis dix ans. Quelques jours avant le lancement par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard d’une série de conférences sur la souveraineté alimentaire de la France visant à dégager une "stratégie agricole" sur 10 ans, l’ensemble des familles de l’interprofession bovine et ovine ont présenté dix mesures "prioritaires et urgentes" pour freiner la baisse du cheptel de ruminants français et préserver la souveraineté et l’indépendance alimentaire de la France. Parmi les orientations préconisées, figurent des mesures économiques comme le refus d’accords de libre-échanges "inéquitables", le renforcement des soutiens aux filières ruminants, "notamment les aides de la PAC" ou encore le renforcement de la présence de la viande française en restauration collective ; d’autres sont plus techniques et réglementaires comme la dématérialisation des documents d’identification, la définition d’un affichage environnemental des produits alimentaires "juste et cohérent" ou la reconnaissance de la place de la viande "dans l’équilibre alimentaire".
Dans ce débat crucial engagé par les professionnels avec les pouvoirs publics et l’opinion sur la place de l’élevage et de la viande bovine français au sein de la société, la science et la recherche ont bien évidemment leur mot à dire. C’est ce que montrent les quatre articles proposés dans ce numéro spécial de Viandes&Produits Carnés, tous issus d’interventions prononcées lors des matinales de la Recherche d’Interbev en mars dernier.
Une étude menée par Ceresco pour l’interprofession, basée sur les projections de l’Institut de l’Élevage et dont nous publions une synthèse, permet ainsi de mesurer l’enjeu économique et social sous-jacent à la crise actuelle. La contraction de l’offre annoncée à l’horizon 2030 menacerait ainsi 37 000 emplois directs et indirects, principalement dans les zones rurales (Massif Central, Ouest) et entrainerait -entre autres désagréments- une perte de biodiversité considérable.
Deux autres articles proposés ici éclairent également d’un jour nouveau la question controversée de l’impact de l’élevage et de la production de viande sur l’environnement, mais aussi sur ses contributions. Le premier souligne que la méthode d’analyse du cycle de vie (ACV), la plus fréquemment utilisée dans ce domaine, "peut masquer les effets bénéfiques des systèmes de production, et notamment ceux des systèmes ruminants les plus herbagers", à la différence de la méthode d’’évaluation des services écosystémique (SE). Le second article évoque, pour sa part, les perspectives offertes par les travaux du programme Méthane 2030 en matière de réduction des émissions de GES en élevage et donc de leur empreinte carbone.
Enfin, un dernier article, s’appuyant sur des mesures de digestibilité in vivo, apporte une contribution importante à la question, elle-aussi très débattue, de la place de la viande au sein des régimes alimentaires. Les données qui ont été acquises sur la biodisponibilité des nutriments de repas avec ou sans viande a ainsi permis de mettre en évidence l’intérêt des produits carnés dans la couverture des besoins nutritionnels en fonction de la typologie des repas.
Il est donc important dans ces périodes de crise de s’appuyer sur la science pour analyser objectivement et complètement les différents arguments avancés par les uns et les autres. La science doit non seulement être rigoureuse mais aussi transparente et collaborative. A cet égard, l’Association Française de Zootechnie vous invite le 6 janvier à un webinaire intitulé "Collaborations internationales de la France en sciences animales". Inscription sur ce lien
L’équipe de Viandes&Produits Carnés vous souhaite donc une bonne lecture et, par avance, de bonnes fêtes de fin d’année.

Jean-François HOCQUETTE et Bruno CARLHIAN